Ces histoires que vous ne lirez pas : Diane

La plupart des écrivains en ont quelques-uns sous le coude, des textes qui ne sont pas voués à paraître. Il s'agit le plus souvent d’œuvres de jeunesse : des histoires inachevées ou bancales, utiles pour se forger une plume mais qui n'ont pas leur place sous le regard des lecteurs. Chez moi, cet ensemble de fichiers bien cachés a un petit surnom : "Le tiroir des innommables".

Les plus anciens lecteurs de ce blog se souviennent peut-être de mes efforts, à la fin des années 2000, pour faire publier ce qui aurait été mon premier roman. Après de nombreux refus et un contrat finalement jamais signé avec un éditeur qui se lançait (et qui fonctionne bien aujourd'hui, d'ailleurs, je ne suis pas du tout fâchée avec ledit éditeur), j'ai renoncé. Et aujourd'hui, je me réjouis que le texte ne soit jamais paru.
Diane est un projet né fin 2003, à une époque où je n'avais pas encore appris à planifier l'écriture. D'un blocage à l'autre, avec de multiples pauses au milieu, il m'aura fallu pas moins de cinq ans pour arriver au bout du premier jet. Dans l'intervalle, j'avais rédigé deux autres romans, dont Et pour quelques gigahertz de plus...

Pourquoi avoir rangé sans regret un manuscrit de 480000 signes auquel j'avais consacré des années ? Pour deux raisons.
D'abord, techniquement, il était bancal, avec un rythme déséquilibré entre les deux parties.
Ensuite, moralement, l'intrigue se lance sur une scène où l'héroïne est embrassée de force par un inconnu, et ça tourne beaucoup trop bien pour l'agresseur, sans condamnation de l'acte digne de ce nom. À cette époque, je devais encore trouver ça romantique. Maintenant, c'est no way, et heureusement que je n'ai pas un tel boulet dans ma bibliographie.

Voici l'histoire, très fortement simplifiée parce qu'il y a des bouts d'intrigues secondaires qui partent absolument dans tous les sens. Si vous avez lu une version quelconque du texte, vous vous souvenez sans doute de Sylvette, de Marc ou d'Oscar. Je n'en mentionne aucun dans cette intrigue épurée.

Diane et Nik en générateur d'avatars

Depuis les années 1970, une personne sur cinq cents perçoit la magie, une personne sur cinq mille peut l'utiliser. On ignore d'où cela vient mais le monde s'est adapté.

Diane vue par l'artiste russe ribkaDory


Première partie : Graine de magie.
Mai 2005. Diane Adam, qui assure le côté technique d'un portail d'information en ligne, s'engueule lors d'une soirée avec deux inconnus qui s'avèrent être mages. L'un des deux utilise un sort illégal pour l'immobiliser, l'embrasse copieusement et se barre.
Petit con.
C'est très out of character pour Niklas, un petit délinquant qui n'a besoin d'aucune contrainte pour emballer, d'habitude. Mais c'est fait. Il en a profité pour ajouter un petit cadeau personnel, à l'aide d'un pouvoir qu'il est le seul à posséder. Et dès le lendemain, Diane, qui ne percevait pas la magie, est malade dès qu'on lance un sort près d'elle.
On l'envoie en désensibilisation. Ça marche, mais il s'avère qu'elle développe des pouvoirs, impossibles à quantifier puisqu'elle score plus haut à chaque nouvelle évaluation. La voilà officiellement mage, avalant à vitesse grand V le cursus de formation obligatoire et apprenant à cacher sa véritable puissance. L'ambiance lui pèse de plus en plus, et elle veut retrouver Niklas pour lui faire comprendre sa façon de penser. Un recrutement d'agents mages pour aider la police lui offre une porte de sortie. En juillet 2006, elle part en formation.

Nik vu par l'artiste russe ribkaDory

Deuxième partie : La lave et l'eau.
Diane entame son stage dans la police judiciaire. Alors qu'elle espère retrouver Niklas grâce à une enquête, elle tombe sur lui par hasard pendant une pause déjeuner. Elle lui casse quelques dents, lui demande des comptes. Il ne comprend pas lui-même ce qui l'a pris. Pour lui faire peur, elle lui dévoile l'étendue de ses pouvoirs, et pris par la culpabilité (encore heureux), il lui promet de l'aide. Ce qu'il voulait, c'était lui montrer que ce n'est pas drôle d'être mage, pas la transformer en monstre (pauvre bichon).
Contre toute attente (ou pas si vous lisez certains types de romance), les deux sympathisent. En parallèle d'une vie bien remplie, Diane recherche les origines de la magie et Nik étudie la piste d'un autre mage hors-norme qui s'était suicidé. Mais alors qu'il est repéré et sur le point d'être arrêté pour exercice illégal de la magie, elle lâche tout pour le sauver.
Bouh.
Ils fuient, s'avouent leurs sentiments, s'embrassent, baisent, à peu près dans cet ordre. Mais Diane doit déchaîner ses pouvoirs sur les mages de très haut niveau lancés à leurs trousses, et ne peut plus les contenir ensuite. Elle fait donc ses adieux à Nik avant de tout mobiliser sur un ultime sort : aller dans le passé, à la recherche du point d'origine de la magie qu'elle pense avoir identifié.

Le 25 juin 1972, Diane retrouve une tablette qui aurait dû être détruite par des travaux. La magie du monde est scellée dedans "pour le bien de l'humanité".
L'épilogue voit une jeune Diane rencontrer un jeune Niklas en 2003. Ils vont travailler ensemble. Leur patronne commune n'est autre que la Diane originelle qui a vieilli.

De l'histoire, il n'y a pas grand-chose à sauver, parce que je ne m'y reconnais absolument pas. Le souci, c'est que j'aime quand même l'univers et certains personnages. J'ai un bout de projet qui me traîne au fond de la tête depuis des années, une aventure Young Adult où le Niklas originel en prendrait bien pour son grade. À voir, peut-être, dans un avenir plus ou moins lointain.
Le titre ? Selma. En attendant de trouver mieux.

Les deux personnages en pied sont des œuvres de l'artiste ribkaDory.

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