Titre alternatif : Et ce livre, là-bas, qui était tombé derrière le lit.
Parfois mes bouquins ont des vies trépidantes.
Orphée et Eurydice habitent un tout petit appartement depuis des années. Lui est chroniqueur dans un quotidien et picole à longueur de journée. Elle est professeur de français dans un lycée et n'arrive pas à se passer de ses cigarettes.
S'ils sont ensemble, c'est, semble-t-il, avant tout parce qu'ils s'appellent Orphée et Eurydice. S'il n'y avait ce lien prédestiné entre eux, sans doute leur couple n'aurait-il jamais existé.
Aujourd'hui, il pleut. Eurydice s'est levée la première, comme d'habitude, et Orphée fait une crise de jalousie de bon matin.
Attention, descente aux enfers. Orphée et Eurydice vont nous rejouer le mythe.
En entrée de chaque chapitre, en italiques, Pierre Gévart décortique l'histoire telle que nous la connaissons, essaie de comprendre pourquoi la quête d'Orphée était vouée à l'échec, et rappelle même aux naïfs que nous sommes que celle-ci était un brin inutile, puisque les amoureux étaient appelés à se retrouver aux Enfers un jour. Ces paragraphes, d'une grande justesse associée à un humour décapant, sont clairement mes préférés. On y voit quelques trouvailles extraordinaires, une Eurydice devenue copine avec Marcel Proust, un avis "Au-delà de cette limite, votre décès n'est plus valable"...
J'ai trouvé le reste du texte un ton en-dessous.
On sait vers quelle fin on se dirige et on voit dès le départ ce couple qui va droit dans le mur, bref, le lecteur assiste impuissant au naufrage, comme dans une tragédie grecque où rien ne peut contrarier le destin. Sauf que dans une tragédie grecque, les héros sont en général des demi-dieux aux personnalités nobles, aux grands idéaux, dont les fulgurances permettent parfois d'imaginer qu'ils sauront inverser la vapeur. Ici, entre Orphée qui est un bon gros loser des familles, et Eurydice qui se laisse porter par les événements en remarquant compulsivement le moindre détail de son environnement(*), la grandeur du mythe est bien écornée.
À la fin, Hadès et Perséphone sont des voisins de palier sympas, Dionysos s'appelle Roger et tient un bar-tabac... mais est-on bien sûr que ce soit Eurydice qui reste prisonnière des Enfers ?
L'épilogue sauve le livre : je peux dire qu'il est bien.
J'ai été sur la corde raide tout du long, avec la même envie de baffer les protagonistes que devant Tigre et Dragon ou la plus grande partie de l'Assassin Royal.
Mais Hadès qui sert le café à Marcel Proust, ça n'a pas de prix.
Parfois mes bouquins ont des vies trépidantes.
Orphée et Eurydice habitent un tout petit appartement depuis des années. Lui est chroniqueur dans un quotidien et picole à longueur de journée. Elle est professeur de français dans un lycée et n'arrive pas à se passer de ses cigarettes.
S'ils sont ensemble, c'est, semble-t-il, avant tout parce qu'ils s'appellent Orphée et Eurydice. S'il n'y avait ce lien prédestiné entre eux, sans doute leur couple n'aurait-il jamais existé.
Aujourd'hui, il pleut. Eurydice s'est levée la première, comme d'habitude, et Orphée fait une crise de jalousie de bon matin.
Attention, descente aux enfers. Orphée et Eurydice vont nous rejouer le mythe.
En entrée de chaque chapitre, en italiques, Pierre Gévart décortique l'histoire telle que nous la connaissons, essaie de comprendre pourquoi la quête d'Orphée était vouée à l'échec, et rappelle même aux naïfs que nous sommes que celle-ci était un brin inutile, puisque les amoureux étaient appelés à se retrouver aux Enfers un jour. Ces paragraphes, d'une grande justesse associée à un humour décapant, sont clairement mes préférés. On y voit quelques trouvailles extraordinaires, une Eurydice devenue copine avec Marcel Proust, un avis "Au-delà de cette limite, votre décès n'est plus valable"...
J'ai trouvé le reste du texte un ton en-dessous.
On sait vers quelle fin on se dirige et on voit dès le départ ce couple qui va droit dans le mur, bref, le lecteur assiste impuissant au naufrage, comme dans une tragédie grecque où rien ne peut contrarier le destin. Sauf que dans une tragédie grecque, les héros sont en général des demi-dieux aux personnalités nobles, aux grands idéaux, dont les fulgurances permettent parfois d'imaginer qu'ils sauront inverser la vapeur. Ici, entre Orphée qui est un bon gros loser des familles, et Eurydice qui se laisse porter par les événements en remarquant compulsivement le moindre détail de son environnement(*), la grandeur du mythe est bien écornée.
À la fin, Hadès et Perséphone sont des voisins de palier sympas, Dionysos s'appelle Roger et tient un bar-tabac... mais est-on bien sûr que ce soit Eurydice qui reste prisonnière des Enfers ?
L'épilogue sauve le livre : je peux dire qu'il est bien.
J'ai été sur la corde raide tout du long, avec la même envie de baffer les protagonistes que devant Tigre et Dragon ou la plus grande partie de l'Assassin Royal.
Mais Hadès qui sert le café à Marcel Proust, ça n'a pas de prix.
Et cette porte, là-bas, qui se fermait...
Une novella de Pierre Gévart
Éditions Argemmios
(*) Quand Eurydice s'allume une cigarette, elle recompose mentalement la mécanique de son briquet. Quand elle mange un croissant, elle repère la disposition des miettes et compare sa façon de les ramasser à celle de son voisin de table. Je suis sûre que c'est une pathologie qui a un nom.
Indépendamment de ça, c'est un procédé littéraire volontaire. Mais ça m'a déplu.
Cette pathologie n'est pas apparentée aux toc ?
RépondreSupprimerBon, ceci dit, la comparaison avec l'assassin royal tue tout ... Je n'ai aucune envie de lire ce livre ! :)
M'enfin, PITRe, strobien l'Assassin Royal !
RépondreSupprimerFitz est une chiffe molle, mais les bouquins (du moins, la trilogie originale en VO, soit les 6 premiers volumes VF) sont remarquables quand même, à pas mal d'égards.
Euh ... Quels égards ? :)Bon, il faut dire que le livre partait avec un gros handicap : je n'aime pas les livres ou le héros parle de lui en disant "je". J'ai plus de mal à m'identifier à lui dans ce cas là. Mais bon, malgré tout ... nan, cépatrobiun ! (allez, dernière chance pour ce livre : je l'ai lu en VF only).
RépondreSupprimerDiantre, et moi qui aime bien écrire à la première personne à l'occasion...
RépondreSupprimerJ'ai d'ailleurs remarqué que moins le protagoniste me ressemble, mieux ça fonctionne.
Une jeune maman ? Bouerk, je m'enlise.
Un soldat allemand de 1940 ? Hop, ça coule tout seul.
Pour l'anecdote, mon premier roman ressemble beaucoup à l'Assassin Royal, bien que je l'aie écrit avant d'avoir lu les bouquins. Heureusement, je n'ai aucune intention de le faire publier un jour. Entre autres, ça m'évitera les accusations de plagiat.
Mais ça permet d'étayer une théorie comme quoi Robin Hobb, c'est vraiment de la littérature de filles. ^^