Brice Tarvel persiste et signe !
Ses aventures inédites du "Sherlock Holmes américain" ont ainsi connu un deuxième tome chez Malpertuis. La recette est simple : on prend les mêmes et on recommence.
Pour rappel, Harry Dickson est à l'origine une décalque de Sherlock Holmes, qui ne diffère de l'original que par quelques menus détails (sa nationalité américaine, notamment). À part ça, il habite tout pareil le 221b Baker Street, une Mrs Crown remplit à la casserole près le rôle de Mrs Hudson, et Lestrade s'appelle Goodfield sans autre changement notable. Le seul qui ne relève pas du copier-coller, c'est Tom Wills, la vingtaine, apprenti détective au cœur d'artichaut, sans cesse débordant d'admiration béate envers celui qu'il appelle "Maître" avec des petites fleurs dans la voix. Si vous trouvez que le duo Holmes/Watson est une mine de Ho Yay, c'est que vous n'avez pas vu Dickson/Wills en action.
Le personnage de Harry Dickson et son petit monde étant tombés dans le domaine public, n'importe qui peut écrire de nouvelles aventures du grand détective, dont Brice Tarvel qui ne s'en est pas privé.
Ce deuxième volume, comme le premier, est l'occasion de créer deux aventures très typées "début du vingtième siècle" dans le fond comme dans la forme.
Les intrigues sont cuisinées aux petits oignons pour mettre Dickson en valeur en toutes circonstances, les personnages stéréotypés à souhait et versant volontiers dans le racisme et le sexisme (ah, les demoiselles qui tombent dans les vapes à la moindre émotion forte !). En cas de besoin, un coup de Deus Ex Machina et tout est résolu.
Du côté de l'écriture, la tendance est aux phrases longues débordant de subordonnées, y compris dans les dialogues. Ceux-ci, du coup, deviennent particulièrement empesés, et c'est très drôle. Si on ajoute quelques locutions en anglais dans le texte et des aphorismes bien sentis balancés là où on ne les attend pas, on obtient ce que j'appelais "l'écriture qui colle aux dents" en parlant du premier volume.
« Fissa, mon petit Tom, allez jeter un coup d’œil dehors ! »L’apprenti détective ne se le fit pas répéter deux fois. Il se rua vers la porte d’entrée restée entrouverte, se jeta dans l’obscurité froide chahutée de flocons blancs, mais ne distingua aucune silhouette suspecte dans la clarté chétive des becs de gaz.« Pas l’ombre d’un bougre dans Baker Street ! lança-t-il en réintégrant la bonne chaleur du home. Même les chats se gardent bien de patrouiller dans cette neige qui recouvre tout. »Harry Dickson se contenta d’un hochement de tête. Il désigna un fauteuil club au rovelain et maugréa :« Il serait peut-être temps de vous présenter et de nous expliquer en détail ce qui vous a conduit à forcer de si brutale manière le seuil d’un paisible domicile. »
Bref, un excellent pastiche de vieux roman de gare, le genre de plaisir coupable qui fait du bien par où il passe, une fois de temps en temps.
Les dossiers secrets de Harry Dickson, tome 2
Deux novellas de Brice Tarvel
Éditions Malpertuis
10 euros
à noter que les textes de jean ray ont été illustré par Nicollet qui prête ses traits à Dickson pour les éditions néo. http://www.imaginaire.ca/images/HarryDickson-Pic-Librio01.jpg
RépondreSupprimerbon, sa barbe a poussé et ses cheveux blanchis, et sa pipe est désormais courbe façon sherlock, mais ce monsieur Nicollet reste un encyclopédie vivante de la littérature fantastique (et Lovecraftienne).
c'était l'intervention inutile du jour.
J'ai lu plusieurs enquètes de Dickson lors de ma plongée dans les oeuvres de Jean Ray et je me souviens des innombrables "my boy"ponctuant les phrases du détective!
RépondreSupprimerJe me suis toujours demandé s'il n'y avait pas un grand lit double chez lui...comme ça c'est plus pratique pour être au taquet si une affaire urgente se présentait au coéur de la nuit pour nos 2 héros ^^