NaNo 2012, troisième salve d'extraits

Parce que le NaNoWriMo, ce sont des hommes et des femmes qui s'amusent bien.
Vous pouvez envoyer des sous quand même, ça coûte chez à organiser, l'air de rien.

Extrait du chapitre 5 :
— Attention, c’est parti.
La voix de Milo Tikosh résonna étrangement. En temps normal, il claironnait, il ne caressait pas, ou alors avec d’autres organes. Si même lui se mettait à respecter les convenances, où allait le monde ?
Sous les yeux de Shania Artemisia, la scène se reconstitua : les membres de la mission Grigri étaient poussés un par un le long des couloirs par une foule d’idocéens étrangement calmes. Ceux-ci étaient en train de capturer des étrangers installés en secret sur leur monde, après tout. Pourquoi n’y avait-il pas de cris, de menaces ni de bousculades ?
La jeune femme observa la foule disciplinée : tous arboraient de part et d’autre de leur tête d’immenses oreilles semblables à celles des ânes, en moins poilues. Dépourvus de nez, ils possédaient en revanche sur les joues des fentes de quelques centimètres de long, lesquelles devaient leur servir d’orifices respiratoires. Tous, sans exception, portaient un couvre-chef ou un large bandeau sous lequel brillaient de grands yeux aux pupilles fendues, quasi reptiliens. Les différences morphologiques entre les hommes et les femmes étaient assez proches de celles des humains pour rester lisibles.
Deux de leurs bras étaient semblables en forme et en taille à ceux des terriens. Les deux autres, situés au-dessus des premiers, étaient bien plus courts et se terminaient par des mains rudimentaires pourvues de deux griffes. Shania vit certains idocéens utiliser ces appendices supplémentaires pour se gratter les oreilles. Il ne s’agissait donc pas de membres vestigiels : quoiqu’atrophiés, ceux-ci restaient à peu près fonctionnels.
Extrait du chapitre 6 :
Une vingtaine de minutes plus tard, le jeune homme avait fini de mettre à jour la mémoire auxiliaire intégrée à son interface neurale, en sacrifiant une autre langue extraterrestre dont il n’avait plus besoin. La syntaxe particulière de l’idiome local lui apparut aussi clairement que s’il l’avait étudiée pendant plusieurs années, avec le placement des mains qui remplaçait une partie des compléments circonstanciels, de temps notamment. Il fit quelques essais devant ses coéquipiers médusés. Par chance, seuls les bras principaux des idocéens étaient utilisés dans le cadre d’un discours normal. Les deux autres ne servaient que dans des tournures très particulières, sans doute archaïques, qu’il pourrait paraphraser au besoin.
Satisfait, il se frotta les mains.
— Bien ! Admirons maintenant ce que racontent ces braves gens.
Un docker se vantait de sa force auprès d’une marchande de fruits et légumes. Deux pères de famille échangeaient les dernières frasques de leurs épouses respectives sans remarquer que leur progéniture jouait dans la boue. Un marin débitait des propos incohérents à la sortie d’une taverne. Bref, en dépit de la nature non-humaine des intervenants, toutes les scènes revêtaient un aspect profondément familier pour les yeux et les oreilles du lieutenant.
Et bien entendu, aucune information intéressante ne circulait. Ces gens avaient un sous-marin amarré dans leur port et n’avaient même pas l’air de s’en étonner.

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