Truc à la con du vendredi : quand Ophélie Bruneau pastichait Shan Millan

La vie est bizarre autant qu'étrange. Par un de ces jeux d'improbabilité dont elle a le secret, il se trouve qu'en 2002, j'avais eu l'idée bizarre d'écrire toute l'introduction d'une nouvelle (très ratée, comme tout ce que j'écrivais à cette date reculée) en pastichant le style caractéristique de Shan Millan.
Enfin presque : si je m'appelais déjà Ophélie Bruneau (que voulez-vous, c'est mon véritable nom), Shan, en revanche, ne s'appelait pas encore Shan Millan. On n'en saura pas plus, étant donné qu'elle me menace des pires représailles si je venais à révéler l'identité sous laquelle je la connaissais à l'époque. Aïe ! Pas taper !
Bref.
Il y a onze ans presque jour pour jour, je commettais les paragraphes ci-dessous. J'avoue avoir mobilisé un effort de volonté considérable pour les copier-coller sans les réécrire. Ça suffit, instinct de correction ! L'idée, c'est de montrer ce que j'avais fait à l'époque, pas de repasser dessus avec ma patte d'aujourd'hui.

Mesdames et messieurs... Ophélie Bruneau, à la manière de Shan Millan (ou plutôt, essayant d'écrire à la manière de) :

Ce n’était pas un de ces bals déjà désuets qui donnaient aux nobles l’illusion d’exister encore pour autre chose que le symbole dans cette France désormais républicaine. Ce n’était pas non plus une de ces soirées ridiculement fastueuses données en leurs demeures par les grands bourgeois dont la réussite se quantifiait, de tête, en voyant la toilette de leur épouse. C’était encore moins une réunion de pauvres hères dans un troquet miteux du quartier de la Goutte d'Or.
Le lecteur, déjà agacé au bout de trois phrases : mais allez-y, dites-le, ce que c’était, qu’on en finisse !
C’était le 30 janvier, et comme chaque 30 janvier, mademoiselle Ludivine Garnier avait invité tous ses voisins et quelques amis chez elle, afin de fêter son anniversaire. Cependant, étant donné qu’elle n’était installée que depuis quelque mois dans ce confortable appartement proche de Montmartre, pour les voisins, c’était une première.
La soirée s’éternisait. À une table, les hommes n’en finissaient pas de déplorer la perte, pourtant digérée depuis longtemps, de l’Alsace et de la Lorraine, comme à chaque fois qu’ils avaient un peu trop bu. À l’autre, les femmes commençaient à somnoler, au son beaucoup trop monotone d’un compliment galant lu par l’épicier Georges Lamy, qui se piquait d’être poète malgré une somme monumentale d’échecs cuisants dans ses tentatives, tant d’être publié que de plaire aux dames. Au prix d’un effort dont ses invitées lui enviaient le secret, la maîtresse de maison écoutait en silence, sans donner l’air de devoir seulement dodeliner de la tête.
Enfin, Georges, qui se faisait appeler “ l’ami Georges ” et trouvait cela follement spirituel, leva les yeux du carnet sur lequel il avait griffonné ses vers, et chercha l’approbation de son public. Éveillées par le silence, les invitées sursautèrent, tandis que Ludivine renvoyait au poète amateur un regard chargé d’un lourd ennui. Elle avait de fort jolis yeux, cette jeune femme : grands et sombres, en amande, juste assez obliques pour paraître exotiques. Dans son poème, Georges les avait d’ailleurs qualifiés de byzantins. Un regard aussi terrible, de la part d’aussi beaux yeux, faisait froid dans le dos.
Le fichier a survécu en dépit de moult changements d'ordinateur et autres crashes de disques durs. Ça aussi, ça relève de l'exploit.

Commentaires

  1. (edit en corrigeant les fautes parce que ça veut rien dire "Balazac" (ou c'est un nom de lieu-dit en Dordogne, ché pas))

    Haha, le bordel sachant que de mon côté je pastichais (mais de façon plus ratée/moins poussée) alors Balzac-Flaubert-and co :D !

    Au début croyais que tu parlais de l'autre style, celui des nouvelles à vampires qui s'ennuient mollement, du coup j'ai mis un temps à retrouver de quoi ça se rapprochait et puis je me suis souvenue de Balzafa, ses raouts et ses creusois et ça a fait tilt :) (oui bon, désolée, il faut croire que je suis une sombre quiche qd il s'agit de reconnaître moi-même mon style caractéristique erf :/)

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