Interview Aurélie Mendonça

On la connaît dans le milieu SFFF pour sa présence colorée et pour l'ombre de la Mort qui plane aussi bien sur ses ouvrages que sur ses tatouages. Ce n'est pas un hasard si la merveilleuse, la fantabuleuse Aurélie Mendonça, alias Lilysatis, a fait revenir les Histoires de Causer d'entre les morts !

Aurélie et ses célèbres cheveux turquoise.

Oph : Quel est le secret pour devenir une Ambassadrice de la Mort avec des couleurs de cheveux sympas ?

Aurélie Mendonça : C'est de justement jouer sur les contrastes. Dans l'imaginaire collectif occidental, on associe la mort au noir, donc tenue sobre, cheveux naturels, maintien impeccable et solennité. Tout à fait moi avant d'être confrontée à la mort.
Me colorer les cheveux a été la première chose que j'ai faite dans mon processus de deuil. Comme ça, parce que j'avais envie de couleur dans cette période grise. Alors j'ai continué à jouer là-dessus et finalement, c'est devenu ma marque d'ambassadrice. Déjà qu'on a peur de mourir, alors si en plus il faut être triste quand on en parle... Et puis, si les morts ont droit à une après-vie colorée, pourquoi pas nous ?

O : Faire comme on le sent en s'affranchissant des codes sociaux, c'est ça ? Et tes personnages, ça leur parle, cette philosophie ?

A : Exactement. Après, ça passe ou ça casse. Mais globalement, si ma couleur de cheveux/piercing/tatouages associés à la mort choquent, c'est que la personne n'est de toute façon pas prête à entendre parler de la mort. D'ailleurs, peu importe le domaine. J'ai cassé les codes de la bibliothécaire de village en arrivant dans ma structure, ça a fait du bien à tout le monde. ;)
La plupart de mes personnages sont comme ça, ils ont une bulle dans laquelle ils évoluent (famille, ordre, métier particulier) et qu'ils font rapidement éclater pour une question de survie. Pas forcément littéralement, mais à un moment, suivre les codes aurait tué leur personnalité. Mais j'ai aussi des personnages qui vivent très bien dans leur bulle parce que ça leur convient, comme dans la vraie vie.


O : Bibliothécaire et autrice, ça se complète bien, ou pas autant qu'on ne le croit ?

A : Ça se complète dans le sens où je suis de l'école "pour écrire, il faut lire beaucoup". Alors une bibliothèque, c'est un peu l'endroit rêvé pour ça.
Comme j'évolue dans le monde de l'imaginaire en tant qu'autrice, je le fais basculer dans mon autre métier : je suis assez fière qu'on trouve ici des romans généralement peu représentés en bibliothèque.

O : Et ça marche ? Les gens apprécient ?

A : Au début les gens étaient réticents à lire de l'Imaginaire. Mais comme dans ma fourberie, je mélangeais les genres sur ma table de nouveautés, ils ont découvert que cette littérature n'était pas si "difficile" ou "enfantine" (les clichés ont la vie dure). Maintenant j'ai tout un tas de lecteurs de l'imaginaire, même des enfants. :)

O : Entre la bibliothèque et le reste, ton blog laisse deviner une vie bien remplie. Comment cases-tu l'écriture dans tout ça ?

A : Assez facilement grâce à des applications qui me sauvent de la procrastination. Le dernier en date m'a été conseillé par une copine autrice, il s'agit de Writeometer. On définit son objectif en mots par jour et par projet, et on peut travailler par plages de 15 minutes.
Plutôt que de prévoir une longue session d'écriture qui de toute façon sera interrompue, ces 15 minutes sont assez faciles à trouver tout au long de la journée.

O : Grâce à ces applis (ou pas) quels sont tes projets du moment ?

A : Je travaille en ce moment sur deux projets. Une dystopie jouant sur notre peur de la mort et la façon dont les générations futures ont déjoué le problème, et "une sorte de" romance inspirée par le mythe d'Izanagi et Izanami, les Orphée et Eurydice de la mythologie japonaise.
C'est complètement grâce à mes outils anti-procrastination que je peux mener les deux de front !

O : Pour conclure, qu'est-ce que je ne t'ai pas demandé et que tu veux dire tout haut ?

A : La vie est trop courte pour se prendre la tête ou pour rester dans une situation désagréable, mais ce n'est pas une raison pour abandonner vos animaux !

 Aurélie et son chien récemment adopté.

Sur ces paroles pleines de sagesse (j'ajouterai : pensez aux refuges où vous attend peut-être votre futur compagnon), nous rendons l'antenne et je vous dis à bientôt, peut-être, pour une nouvelle Histoire de Causer !

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