Gam-Gam (2009-2022)

Ce billet devait paraître un jour, mais ce jour arrive forcément trop tôt.

Gam-Gam, c'est le chat que je n'ai pas choisi d'avoir. Le chat qui défie les probabilités. Le chat qui nous juge. Et qui continue sans doute de nous juger, de là-haut.

Son histoire commence à Saint-Maur, où elle a été stérilisée et identifiée comme chat libre en mars 2010, à l'âge d'un an.
On ne sait trop comment elle a changé de ville pour s'établir dans notre secteur, où elle est devenue une figure familière du quartier, que j'ai commencé à nourrir vers 2013-2014.

Gam-Gam en 2017, gros plan

Toujours proche des habitations mais méfiante et insaisissable, elle se distinguait aussi par son goût pour les bains de soleil sur les trottoirs, voire au milieu des impasses. Je l'ai surnommée "Gamera" parce que écaille de tortue <=> kaiju tortue, puis c'est devenu Gam-Gam.
Au fil des années, elle a fini par me faire assez confiance pour venir me voir quand des problèmes de dents l'ont empêchée de s'alimenter, et en août 2019, j'ai réussi à l'installer dans ma salle de bain.

Gam-Gam, pas contente, sur la marche au-dessus de ma baignoire

Bilan de santé : un souffle au cœur, des dents impossibles à ravoir qu'il a fallu toutes retirer, des parasites en veux-tu en voilà, mais par ailleurs, une bonne santé pour son âge et son vécu.
En parallèle, l'association qui l'avait identifiée à son nom neuf ans plus tôt me l'a transférée avec autant de surprise que de plaisir.

Gam-Gam a repris du poids et une bonne forme après s'être habituée à son nouveau statut de chat édenté. Et une fois installée sur les canapés, elle a pu exprimer pleinement la personnalité qui lui avait permis de survivre dehors aussi longtemps.

Parce que Gam, c'est un tempérament avant tout. C'est le regard qui juge. C'est la crâne assurance d'avoir raison d'être là. C'est la baffe mise aux chatons qui lui manquent de respect. C'est le sens des priorités, la bouffe avant tout, le confort, le droit de piétiner ses humains quand ça lui chante. C'est une tendance marquée à aller dans la litière très proprement, mais à faire ses besoins avec le cul qui dépasse. Et à ne pas gratter ensuite parce que pour quoi faire ?

Gam profitant d'un rayon de soleil dans le séjour.

Sans oublier ce style inimitable pour profiter du soleil.

À partir de 2021, Gam a eu, de temps en temps, des périodes de coup de mou, mises sur le compte de l'âge, de reins qui fatiguent, et résolues avec un coup de corticoïdes. Il s'est finalement avéré qu'elle avait un cancer. La grosse tumeur accrochée au foie étant inopérable, nous avons opté pour un traitement palliatif.

"Vu son tempérament, elle en a peut-être pour des mois !" disait la vétérinaire avec enthousiasme.

Des mois, en effet. Quatre, exactement.
Alors qu'elle faisait sa petite vie cahin-caha, fatiguée et fragile mais bien décidée à profiter de son temps, Gam-Gam a brutalement décompensé. Je lui ai pris un rendez-vous chez le vétérinaire pour la fin de semaine, consciente que c'était la fin, mais ça a été beaucoup plus rapide que ça. Vingt-quatre heures et le sort en était jeté. J'ai retrouvé ma minette morte, et déjà froide, en rentrant du bureau.

Gam nous juge depuis le radiateur en 2022.

Je compte sur elle pour continuer à nous juger très fort depuis l'au-delà.

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