Ceux qui ajoutent

Retour dans les années 90.
Au collège, au lycée, en prépa, je me souviens des commentaires de mes camarades, à chaque fois qu'il fallait résumer un texte : c'était toujours la panique pour rentrer dans les clous du nombre de mots imposé. Dans leurs brouillons, il y en avait toujours trop, il fallait écrémer, parfois plusieurs fois, avant de mettre au propre leur précieux paragraphe.
Moi, c'était toujours le contraire : ma première version du résumé était systématiquement trop synthétique. Neuf fois sur dix, il me manquait des mots pour être dans la fourchette demandée. Ma seconde étape consistait donc, non pas à épurer comme les autres, mais à réintégrer des trucs que j'avais peut-être trop vite sabrés.

En écriture, c'est pareil. Mes premiers jets, surtout ceux des romans, sont secs, succincts, guère plus complexes que mon synopsis initial.
Là où l'adage dit qu'après avoir manié la plume, il faut prendre la hache, je ne vois la taille de mes textes diminuer que quand je coupe des scènes, ce qui n'arrive pas si souvent que ça. En général, je constate à la relecture qu'il manque une transition par-ci, un développement par-là, et donc, plus j'avance, plus mes fichiers grossissent. Je coupe rarement des adjectifs, et quand je paraphrase pour éviter d'amonceler les adverbes, ça prend plus de texte que si je gardais mes "...ment ...ment ...ment".
Ensuite, mes bêta-lecteurs ayant tendance à en remettre une couche, ça entretient le mouvement (je pense bien entendu à Gnome qui est spécialiste du "c'est trop court", mais aux autres aussi).
Ainsi, entre le premier jet et la dernière version en cours, un roman comme Diane est passé de 422000 à 455000 signes. Lors de ma première passe de relecture, FD2R a quant à lui déjà grossi de 6000 signes, alors qu'il n'est même pas encore arrivé sous l'œil avisé de son alpha-lecteur (si tout va bien, ce sera pour demain). Tout ce que j'ai fait, c'est clarifier certains points, affiner la gestuelle des personnages, rappeler leurs motivations à l'occasion, rien de très significatif par rapport à l'intrigue.

J'ai donc une démarche de type "adder-inner", comme disent nos amis anglo-saxons.
C'est cool à savoir, me dira-t-on, mais en fait, c'est casse-gueule. Parce que ça veut dire que je dépends énormément de mes alpha- et bêta-lecteurs : si certains manques me sautent aux yeux, d'une façon générale, je suis bien en peine de définir ce qu'il faut ajouter pour faire entrer les lecteurs dans mes textes.
Il paraît qu'avec l'expérience, on gagne en aisance dans cet exercice.
Eh bien, les aminches, autant vous dire... j'ai hâte.

Dis Papa, c'est encore loin, le million de mots ?

Commentaires

  1. c'est gentil de me mentionner tiens!
    bah oui, moi j'aime bien les textes d'ambiance (et quand un texte, en particulier d'heroic fantasy ou de sf) manque de description et de texture, dans ma tête ça se met à ressembler à batman et robin; star trek ou autre. j'ai besoin de grain, d'ombre et autres pour rentrer dans l'univers.
    donc désolé de t'user les doigts sur ton clavier à te demander de rallonger tes descriptions, mais je suis comme ça.

    ah au passage, aurais tu de nouveaux textes à faire allonger...euh corriger?

    gnome, enlarge your novels for free!

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