L'écriture en 30 questions : 9 & 10

9- Comment trouves-tu l'inspiration pour tes personnages ? Explique comment tu procèdes pour les créer.
Vaste sujet !
L'inspiration, je la prends comme elle vient, et ça peut surgir de n'importe où : personne existante, personnage de fiction de quelqu'un d'autre, simple idée débile lancée comme ça, voire rêve dont, par miracle, j'arrive à me souvenir. Un personnage important a rarement une seule source d'inspiration.
Le maître-mot, dans ce contexte, est de rester ouvert aux idées qui viennent.

J'ai, en gros, deux catégories de personnages : ceux qui sont là dès le premier trait d'esquisse (ou apparaissent indépendamment de l'histoire), et ceux qui naissent de l'intrigue.

La Porte de Cob : Norgast, livré avec le rêve qui a servi de base à la nouvelle. Samira, créée parce qu'il fallait bien un personnage central qui ne soit pas "moi" (l'inconvénient des rêves, c'est que je suis dedans).

Dans le premier cas, je pars d'un concept succinct. Par exemple, "un surdoué séduisant mais un brin asocial".
Dans le second, la fonction crée l'organe. Par exemple, "quelqu'un sert de correspondant local à l'équipe".
Le reste se déduit par effet boule de neige. Qui ? Pourquoi ? Comment ? À quoi ressemble-t-il (en gros) ? Quelles sont ses relations avec les autres personnages ? Une marque (cicatrice, tatouage) aura son histoire, un tic aura son explication. Je tâche de définir un gimmick pour chacun.
Je reste néanmoins assez succincte dans mes fiches de personnages, car ceux-ci ne prennent vraiment leur caractérisation que dans le texte lui-même. Une fiche contient en général surtout des détails biographiques. Le comportement, les goûts, s'affinent à mesure que le personnage est mis en situation. De même que mes plans d'intrigue restent toujours très généraux pour me laisser la liberté d'en dévier au besoin, je déteste définir mes personnages avec trop de précision : ça me donne l'impression de les épingler comme des papillons dans des boîtes.
Ce système implique parfois de menus soucis de continuité sur les textes longs, mais rien d'insurmontable puisque je reste fidèle aux grandes lignes de ma caractérisation initiale. Un enfant unique ne se retrouve pas brutalement doté de deux frères, de même qu'un brun ne devient jamais blond (ou alors par décoloration mentionnée dans le texte).

Exemple de fiche préparatoire pour un personnage secondaire (difficile d'en trouver une sans spoiler, beaucoup de gens ont des petits secrets) :
Vital Fanor
Technicien de police technique et scientifique né le 29 mai 1981, au look rasta et qui n’a pas la langue dans sa poche. Il fait passer à Oriella les infos qu’il a eues, en toute illégalité bien sûr. Le problème, c’est qu’il n’a rien de probant puisque le tueur est un gros maniaque qui ne laisse pas de traces.
Il travaille à la section physique-chimie du laboratoire de police scientifique de Paris.
Il connaît Oriella depuis longtemps puisqu’ils ont grandi dans le même quartier de Blois et ont parfois été dans la même classe, à l’école puis au collège. Il a juste poussé les études un peu plus loin qu’elle.

Voilà, c'est tout. Sa façon de parler, de bouger, ne sont pas définies à ce stade, de même que certaines anecdotes de jeunesse qu'il évoque avec Oriella et que j'ai inventées au fur et à mesure que je les écrivais.

10- Quelles sont les situations les plus étranges ou farfelues dans lesquelles tes personnages se sont retrouvés ?
Sans surprise, pour répondre à cette question, je suis allée fouiller dans mes textes parodiques, ceux où je prends justement un malin plaisir à imaginer des situations vraiment dingues, sans craindre de perdre ma crédibilité ou de flinguer l'ambiance.

Dans Le Contrat, trois mercenaires tentent de faire reculer toute une garnison en utilisant une porte magique comme bélier. Le tout juste pour caser la blague : "Ils ont pris la porte, Sire !" (pire, la nouvelle entière avait pour but d'en arriver là).

Le Monde pour douze euros est truffé de situations improbables : une tournée des restaurants à la recherche d'un cornichon, un commando de barbouzes qui attaque la mauvaise classe dans un dojo, un combat au troisième étage de la Tour Eiffel qui se termine en queue de poisson, une réunion de crise au sous-sol de l'Élysée... Tout le monde en prend pour son grade.

Dans les textes plus sérieux, s'il y a de l'étrange, cela fait partie de l'intrigue. On peut quand même citer LODA : en fuite avec trois loups-garous aux trousses, Axel ne trouve rien de mieux que de passer par le seul bled de la région où l'attend un danger presque pire. Il en résulte un pataquès à la limite du surréalisme.

Commentaires

  1. "Ils ont pris la porte, Sire"
    J'aime beaucoup, vraiment. J'ai juste un peu de mal à expliquer à mon collègue pourquoi je ricane toute seule devant mon écran...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire