Au Salon du Livre, une demoiselle tout à fait charmante a abordé les responsables des éditions du Chat Noir en ces termes :
"Vous faites de la bit-lit ? Parce qu'on est spécialisés dans les sex-toys, et qu'on vous propose de participer à de l'événementiel autour de vos bouquins..."
La proposition a provoqué quelques beaux haussements de sourcils. À se demander si on avait la même chose en tête, elle en parlant de ses sex-toys, nous en affirmant que la collection Féline est consacrée à l'urban-fantasy et à la bit-lit. D'où ce joli duo de questions existentielles qui nous amène ici ce soir :
La bit-lit, c'est quoi ?
Le terme ayant été inventé par Alain Névant et Stéphane Marsan (des éditions Bragelonne), il est 100% français, et présente en outre l'avantage de disposer d'une définition fournie dès ses origines.
Plouf, plouf.
"Ces romans ont pour cadre le monde contemporain… à quelques différences près : les créatures magiques sont réelles, la magie existe et elle est effective. Les loups-garous, les vampires, les démons, les fées, les sorcières, bref, toutes ces créatures se côtoient, au milieu de nous, humains. [...] il s’agit de romans mettant en scène des héroïnes combattant des monstres avec en plus des préoccupations qui relèvent de la vie quotidienne."
(fourni par les éditions Milady)
Voilà, c'est clair, c'est net, et vu comme ça, ça n'a rien à voir avec un catalogue d'articles coquins.
L'Aube de la Guerrière, de ma bonne copine Vanessa Terral : une héroïne dotée de pouvoirs surnaturels combat d'affreux monstres dans un monde enrichi en anges, démons et autres créatures fantastiques. En parallèle, elle essaie de trouver sa place au milieu de tout ça.
Bref, de la vraie bonne bit-lit.
Sauf que les choses changent.
Plus ça va, plus la bit-lit (en général) tire vers :
- plus de romance
- des personnages masculins qui ne sont que des supports à fantasmes
- beaucoup, beaucoup plus de sexe
Et c'est là qu'on retrouve notre accorte vendeuse de canards vibrants : en dépit d'une définition officielle qui se place sous le patronage de Buffy, dans la tête d'une majorité du lectorat, "bit-lit" = "romance paranormale érotique". Donc sexe à tous les étages, et partenariat tout naturel avec sa petite entreprise.
Et moi, est-ce que j'écris de la bit-lit ?
Suivant cette dernière définition, absolument pas. Je me sens incapable d'écrire de la romance pure, déjà, et encore moins s'il y a de l'érotisme à haute dose.
Donc non, pas la peine d'utiliser mes textes passés ou à venir comme support pour un événementiel sexy, ça n'irait pas.
Revenons maintenant à la définition originale.
J'ai deux ouvrages parus dans la collection Féline des éditions du Chat Noir : le roman L'Ouroboros d'argent et la nouvelle Nino l'Esquisseur. Les deux se situent dans le même monde, au même endroit et au même moment (plus ou moins).
- Monde contemporain : check.
- Créatures fantastiques : check.
- Magie : check.
- Combattre des monstres : check.
- Préoccupations de la vie quotidienne : check.
- Héroïne... et zut.
On rate la combo de peu : Axel et Nino sont des garçons.
Cela signifie-t-il que je n'écris pas de bit-lit ?
Mais si : j'ai rédigé l'an dernier une aventure d'Ana l'Étoilée et j'en prépare une autre.
Ana est "praticienne occulte indépendante" (comprendre : magicienne), membre d'une troupe de théâtre amateur, dans un "c'est compliqué" euphémique entre deux relations, et quand elle n'exorcise pas des fantômes espagnols, elle se retrouve avec un vampire polonais dans sa baignoire.
Je crois que ce coup-ci, tous les ingrédients y sont.
Il n'y a plus qu'à secouer... et j'espère partager ses aventures très bientôt.
Ils ont dû confondre avec de la bite-lit...
RépondreSupprimermerde, il m'a volé ma réplique ;)
RépondreSupprimerLa bit-Lit :
RépondreSupprimerde plus en plus de bites, de moins en moins de litt...
Oph, ton roman L'ouroboros d'argent est de la bonne urban-fantasy / fantastique.
RépondreSupprimerAprès, je crois que je l'ai quand même flagué bit-lit sur mon blog parce qu'il comporte malgré tout des personnages féminins forts.
Malgré tout, tu as raison, la bit-lit à l'origine est focalisé sur un personnage féminin (= narration à la 1ère personne très dominante). Mais bon, comme tu l'as signalé, c'est un terme inventé récemment pour qualifier le courant littéraire qui a fait suite aux phénomènes Buffy et Charmed, entre autres. Merde, en vrai, ça rajeunit pas ces références ! ^^
En tout cas, tout comme toi, je trouve ça dommage que les séries dérivent de plus en plus vers de la romance paranormale érotique, avec des intrigues de moins en moins maîtrisées.
Il faut vraiment faire attention quand on choisit un titre.
J'ai adoré le roman de Vanessa, j'ai failli m'étouffer avec d'autres lectures moins bien sélectionnées.
Si tu veux une de mes valeurs sûres : Kitty Norville. Aucun "love interest" dans le 1er tome, juste une femme qui veut s'affranchir, retrouver son estime de soi, arrêter d'être "infantilisée" et utilise son travail et la reconnaissance pro pour cela.
D'ailleurs, il faut que je lise les suites ! (mais le tome 1 se tient tout seul)
(puis j'ai hâte de découvrir Ana et sa relation avec les fantômes et le vampire squatteur de baignoire ! ^^)
RépondreSupprimerJ'adore cette mise aux points! Fan de bit lit du départ, le tournant romance me lasse...
RépondreSupprimerIl y a un an ou deux, on avait essayé de remonter à la source du genre, à l'occasion d'un article de fond initié après de nombreux désaccords sur la définition du "genre" en question : http://www.vampirisme.com/encyclopedie/bit-lit-de-lorigine-au-genre/
RépondreSupprimerMerci pour l'enquête et les infos !
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