Interview Thomas Andrew

Pour causer en toute décontraction pendant le mois d'août, j'ai séquestré invité le très drôle et ouvert Thomas Andrew, spécialiste de la comédie romantique gay que le monde nous envie, mais qui écrit également plein d'autres choses.

 Thomas Andrew absolument pas attaché à mon radiateur, qu'allez-vous imaginer, voyons ?

Oph : Comment devient-on Thomas Andrew, prof le jour et écrivain la nuit, à moins que ce ne soit l'inverse ?

Thomas Andrew : On le devient pendant ses cours (vive l'autonomie des gamins en Travaux Pratiques) et à force de lire des romans dans lesquels je ne me retrouve pas, que ce soit en urban fantasy ou en romance. Pour le premier genre, j'en avais un petit peu marre de suivre des histoires où l'héroïne tombe amoureuse du bad boy antipathique et qui finit avec son meilleur ami.
Pour le second genre, dans la romance gay, il y a que des drames. Je kiffe les comédies romantiques et j'ai pu constater que je ne suis pas seul.

O : Tu n'es pas le seul à dire qu'il faut mettre un coup de pied dans les codes des genres. Depuis tes débuts, as-tu l'impression que la situation s'arrange, ou au contraire que plus ça va, plus on refait les mêmes soupes dans des vieilles marmites ?

T : Comme dans les séries TV, les auteurs décident de faire, à leur sauce, des remakes et autres reboots. Ils pensent qu'avec du vieux, on peut faire du neuf. Parfois ça marche. Cela doit représenter 1 à 5 % des manuscrits publiés. Le reste c'est souvent du réchauffé. Surtout en urban fantasy et dans la romance.
En urban fantasy, les auteur·e·s calquent sur Twilight, entre autres, en essayant de le transposer avec d'autres créatures surnaturelles (métamorphes, elfes, anges etc). En romance, notamment feel good, le schéma scénaristique est toujours le même mais c'est ce que l'on attend de ce genre de lecture.

 Cœur de cible, Prix du roman gay - Meilleure Romance en 2018

O : Vu d'ici, tu as l'air d'avoir conquis assez vite ton lectorat. Qu'est-ce qui a porté ce succès ? Plutôt l'aspect surnaturel ou l'aspect romance ?

T : Honnêtement, la romance m'a permis de conquérir un lectorat plus large, notamment grâce au Prix du roman gay - Meilleure Romance que j'ai obtenu l'année dernière. Même si c'est de la comédie romantique gay, le lectorat est présent et découvre mes romans fantastiques.
Après, il faut avouer que débuter avec un roman d'urban fantasy sur un fantôme (justement en bougeant les lignes du genre) ne permet pas vraiment d'acquérir une grande notoriété.

O : Oui, je me souviens que ton premier roman avait eu quelques déboires. 🙂
Tu as su rebondir avec brio. Volonté, force, chance, un peu des trois ?

T : C'est pas facile de commencer l'aventure d'auteur avec des gens malintentionnés qui s'amusent à dézinguer un roman qu'ils n'ont pas lu. Au départ, ça fait mal. On se dit que ce n'est pas la peine de continuer. Je me le suis dit. Et puis au bout d'un moment je me suis dit : "Si tu arrêtes, elles auront gagné". Alors j'ai continué à écrire et à proposer des romans pour des personnes comme moi qui ne se reconnaissent plus dans les romans remakes.
Je suis tombé sur un éditeur qui a cru en moi et qui m'a permis de me bonifier et d'intégrer Juno Publishing, maison d'édition qui a su mettre en avant mes romans.

 Cupidon Mortel, un premier roman à la destinée chaotique

O : Comme tu le disais, la romance est un genre extrêmement codifié. Est-ce que tu t'en accommodes bien ?

T : La comédie romantique est très codifiée et que l'on retrouve même dans les téléfilms qui sont diffusés sur TF1 et M6 l'après-midi.
C'est toujours le même schéma : deux personnages principaux qui se détestent, un événement qui les force à les faire interagir, un twist pour les fait se séparer peu avant la fin du roman et ils se mettent quand même ensemble à la fin car c'est un feel good. Sur le papier, cela paraît simple, mais ce n'est pas forcément le cas. Il impose des rebondissements, du rythme à chaque chapitre. Personnellement, je m'en accommode car je regarde énormément des téléfilms de ce type et par conséquent je connais la mécanique sur le bout de mon clavier.

O : Quelle est ta marque de fabrique, la Thomas Andrew Touch ?

T : Ma marque de fabrique est l'humour. Il est plus facile de faire pleurer que de faire rire. Je pars du principe que la lecture est un moyen d'évasion, et que, après une journée de boulot les gens ont besoin de se détendre et d'oublier leur quotidien. Il y a tellement de drames dans les informations, il y a tellement de tristesse dans notre monde qu'il faut savoir se déconnecter. C'est le parti-pris de mes romans. On s'évade et on se marre. Je n'ai pas honte de dire que mes romans sont des romans de gare (dans le bon sens du terme). Je mets toujours plusieurs ingrédients : de l'humour avec un personnage cynique et/ou adepte du troisième degré, des situations rocambolesques et surtout de l'humour de situation, ce qui est facile à faire au théâtre mais très difficile à retranscrire sur le papier.

Apollon Mortel, disponible chez Juno Publishing

O : Sur quels projets travailles-tu en ce moment ?

T : Mon prochain roman "Service compris", une comédie romantique, sort en fin d'année chez Juno.
Avec Sebastian (NdOph : Sebastian Bernadotte, le mari de Thomas Andrew, lui aussi écrivain), nous avons écrit un roman steampunk/fantastique/comédie policière dans le Paris de 1889. Nous sommes dans l'attente de réponse favorable de plusieurs éditeurs (cela devrait être une trilogie).
Ensuite, j'ai le tome 4 de Drek Carter dans les cartons, ainsi qu'une comédie romantique qui s'intitule Drag Investigations (Un journaliste tentant de sauver son poste qui doit interviewer une actrice américaine psychopathe. Elle réside à l'hôtel géré par son ex. Mais il n'est pas le seul à avoir ce tuyau : son ténébreux et charmant Némésis le possède également)

O : Last but not least, le mot de la fin : qu'est-ce que tu voudrais dire et que je ne t'ai pas demandé ?

T : Est-ce facile de faire des salons quand on n'a pas de réseau ?
Ben non. On lance des demandes qui ne sont jamais lues, ou jamais répondues à l'exception de l'incroyable Stéphanie Nicot pour les Imaginales. Faire des salons est important quand on est auteur, car on rencontre les lecteurs, on voit les amis auteurs. ça permet de lier des gens, car sans le public, nous ne sommes rien.

Soon!

Sur ces paroles fort sages de Thomas Andrew (qui est plus courageux que bibi car je n'ai jamais osé demander à un salon de me recevoir), à vous les studios, bonne rentrée littéraire et n'oubliez pas de vous hydrater !

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