Périple irlandais (6)

Jour 9 : de Killarney à Kilkenny

De la route et encore de la route. Cette étape est sans doute la plus longue du voyage, seulement coupée à mi-chemin par un arrêt à Cahir.
Pourquoi Cahir plutôt qu'une des autres villes traversées ? Parce qu'il y a là-bas un château-fort encore debout, avec son toit et tout. Une rareté qui a une explication toute bête : quand ils ont reçu en 1650 une lettre de Cromwell leur ordonnant de quitter les lieux, les occupants... ont obéi. Et du coup, le château n'a pas été démoli. Des fois, la lâcheté, ça paie.

Depuis la cour extérieure, celle où les paysans pouvaient se réfugier en cas d'attaque, la guide nous montre un truc curieux dans le mur :

Un boulet de canon incrusté dans la pierre.
Vestige de la seule attaque réussie contre le château, il contribue à expliquer les modifications architecturales que celui-ci a subies par la suite, se dotant notamment d'une entrée-piège dont la herse fonctionne toujours (le son du mécanisme a été enregistré et sert pour sonoriser des films). Il y a tellement de tours, de créneaux, d'archères et de mâchicoulis qu'on se demande où vivait la famille.
La réponse est : dans trois grandes salles blanchies à la chaux.

On nous lâche ensuite pour nous laisser parcourir librement des escaliers volontairement casse-gueules (en cas d'attaque) de salle en salle, et lire des panneaux explicatifs sur la vie au Moyen-Âge.

Nours et Poussin tâchent de ne pas se casser une jambe.
Bref, tout ça fait une pause bien agréable sur la route de Kilkenny, ville que toutes les brochures décrivent comme agréablement animée.

Sur place, première chose : un tour à l'aire de jeux derrière le château. Celui de Kilkenny est en très bon état, mais comme il a été habité jusqu'au dix-neuvième siècle, il a subi des modifications importantes et ne ressemble plus du tout à un château-fort. De toute façon, il est trop tard pour une visite.
C'est une fois que Poussin s'est bien défoulé que nous découvrons l'horrible vérité : contrairement à toutes les autres villes où nous avons passé la nuit depuis le début de notre voyage, Kilkenny, c'est mort passé 18 heures. Où diable est l'animation promise par notre voyagiste et même par le Michelin ?
Nous trompons l'ennui en faisant une petite balade en ville avant d'aller dîner à Kyteler's Inn, le restaurant que nous a conseillé la dame du B&B. Ce que nous ignorons, c'est que le seul intérêt de l'établissement est d'être sis dans la maison d'Alice Kyteler, condamnée au quatorzième siècle pour sorcellerie, qui réussit à s'évader avant son exécution. Le repas est très correct, mais il manque le côté sympa qu'ont eu pas mal de nos précédents dîners.

Tout ça pour dire que je ne sais pas ce qu'on a raté à Kilkenny, mais qu'on a eu l'impression de passer complètement à côté de quelque chose. Au hasard, de ce qui faisait le charme de la ville.

Jour 10 : retour à Dublin.
La dernière étape avant de rendre la voiture et de reprendre l'avion vers notre chez-nous sera presque sans histoire. Nous avons juste droit à des trombes d'eau sur la route, comme si l'Irlande nous disait de ne pas regretter ce jour où nous la quittons.

21h30 : nous sortons du terminal 1 de Roissy-Charles De Gaulle. Il fait beau, il fait chaud et l'A86 bouchonne. Nous voici de retour en France.
Il ne me reste plus qu'à réapprendre à dessiner pour avoir une provision d'histoires débiles à mettre sur mon blog.

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