Le sémillant Nico, alias "l'homme qui va finir par me fuir parce que je l'agresse à coups de câlins à chaque fois qu'on se voit", a publié chez Malpertuis un intéressant vrai-faux roman. Fidèle à ma réputation, je l'ai lu plusieurs mois après l'avoir acheté, et je le chronique encore plus tard.
L'histoire en bref :
Dans une fin de XIXème siècle alternative au très léger parfum de steampunk, Nicolas (Nico aime bien appeler ses personnages Nicolas Bally) s'ennuyait ferme à la fac jusqu'à une expérience de sortie astrale un peu ratée qui lui a laissé pour principale séquelle un œil fermé. Paradoxalement (ou pas), cette paupière close lui ouvre des portes, à commencer par celle du médecin qui suit son cas. Nicolas devient ainsi écrivain, châtelain, enquêteur de l'étrange et amateur de jolies femmes. Ah non, zut, ça, il l'était déjà avant.
En seize chapitres qui sont autant de nouvelles presque indépendantes, l'auteur l'amène jusqu'à la fin de sa vie officielle. On se doute en effet qu'officieusement, on n'est pas débarrassé de l'étonnant Nicolas Bally.
Ceux qui connaissent un peu le style de Nico savent que sa plume est à son meilleur sur les formats courts, voire très courts. Pour cette raison, je pense que le format "roman-recueil" était le meilleur choix qu'il puisse faire. Les aventures sont variées, rythmées, généralement menées tambour battant sur à peine quelques pages avant de passer à autre chose, si bien que le lecteur ne s'ennuie jamais.
Le fait que l'intrigue soit fractionnée en histoires autonomes est idéal, aussi, pour ceux qui lisent par courtes périodes.
On y croise quantité d'ambiances différentes, de personnages plus ou moins récurrents et de menaces diverses, relevées par quelques illustrations intérieures. L'ensemble est cohérent, bien mené, ponctué de petites phrases excellentes. Les répliques de Cezar, notamment, sont souvent truculentes.
Ce qui est dommage, c'est que le texte est sec comme un coup de trique.
En effet, le don qu'a Nico pour aller directement à l'essentiel, pour livrer des nouvelles taillées au scalpel, fait merveille dans une anthologie où ses textes coupent le rythme entre deux auteurs plus verbeux. Mais là, rien ne vient étoffer un roman où la narration ne ralentit jamais ou presque, ne se pose pas pour arrondir une description ou s'attarder sur les sentiments du narrateur. Au final, on a trop souvent l'impression que Nicolas traverse ses propres aventures avec indifférence : son manque de réaction, quand son espoir d'être père est réduit à néant dans un bel effet gore, est l'exemple parfait.
L'un dans l'autre, L'œil clos est un bon petit roman, dépaysant, décoiffant, mais à l'immersion pas toujours assez profonde à mon goût.
Quant à Nico, il n'est pas à l'abri de la prochaine attaque de câlins.
L'œil clos
Un roman de Nico Bally
Éditions Malpertuis
13 euros
Celui là j'hésitais à le prendre...je me suis déjà offert l'autobus de minuit.
RépondreSupprimerLequel aurait mérité un développement plus lent, ne serais-ce que pour faire monter plus lentement la sauce du suspens et de l'angoisse...
Et la fin est quelque peu confuse (et dans son aspect qui tranche 'achement avec le reste, ça m'a fait penser au final de faëries
Si même toi le trouve trop lapidaire je crois que je vais attendre un peu avant de me l'offrir; en attendant, je m'apprête à entamer le club diogène.
Je te fuirais le jour où je ne te verrais pas arrive en vol plané calineux !
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