23- Combien de temps te faut-il pour terminer une histoire, de la planification à l'envoi ou à la mise en ligne ?
Pour les mini-nouvelles et autres flash-fictions, c'est plié dans la journée.
Les textes plus longs ont besoin de davantage de maturation.
La nouvelle Ce qui est moi m'est venue d'un concept simple, je connaissais un peu le sujet, je savais où me documenter... Résultat : en trois semaines (une pour me mettre les idées en place, deux jours pour écrire et le reste pour faire relire et corriger), j'avais le texte dans sa forme à peu près définitive et je l'ai envoyé à un premier appel à texte.
À l'inverse, Soir d'orage, une nouvelle pourtant plus courte, a germé en 2002 avant d'être reprise en 2008 pour une publication en 2009.
Côté romans, dans tous les cas, c'est long.
Si l'on excepte Le Monde pour douze euros, mis en ligne très vite et quasi sans retouches, le délai le plus court entre le début de la planification et le premier envoi est d'environ 18 mois pour FD2R.
La palme du délai le plus long revient pour l'instant à Diane : presque sept ans entre l'idée d'origine et les premiers envois. Encore deux ans plus tard, j'ai procédé à un nouvel envoi du manuscrit remanié. Dans le meilleur des cas, si le roman finit publié, ce sera au moins dix ans après le début de sa gestation.
Entre les deux, on a Et pour quelques gigahertz de plus et son joli calendrier :
- un mois de planification (octobre 2006)
- un mois d'écriture (novembre 2006)
- diverses phases de relecture/bêta-lecture/correction (janvier 2007 à mai 2008)
- une première salve d'envois (mi-2008)
- encore des retouches occasionnelles (2009-2010)
- l'envoi chez Ad Astra (octobre 2010)
- la direction littéraire (mai à octobre 2011)
- la publication (décembre 2011)
NaNoWriMo aidant, j'ai chaque année un premier jet qui arrive au fond du disque dur, attendant que je lui consacre le temps de correction qu'il mérite, et j'ai du retard là-dessus : j'ai à peine touché Les Deux Reines, un texte qui date de 2007 et qui a besoin d'un sérieux replâtrage.
D'où ma décision d'arrêter jusqu'à nouvel ordre d'écrire des romans hors NaNo. Ça ne sert à rien d'accumuler les premiers jets sans m'atteler aux réécritures qui vont avec.
24- Dans quelle mesure arrives-tu à tuer tes personnages si cela sert l'intrigue ? Quelle est la mise à mort la plus intéressante que tu aies écrite ?
J'y arrive. Avec réticence.
Autant certains auteurs semblent tuer sans problème et sans vraie justification tel ou tel personnage dès lors qu'il a fini de jouer son rôle (merci pour les persos-Kleenex), autant j'évite d'ôter la vie que je donne, sauf si les circonstances l'exigent. Il existe mille et une façons de ne pas garder dans les pattes un personnage devenu moins utile. La mort n'est pas forcément la meilleure.
Donc chez moi, une mort doit être nécessaire. En outre, pour peu que le personnage ne soit pas un obscur ennemi anonyme, elle laissera des traces.
Le premier à faire l'expérience de la perte d'un proche, en 2004, est le prince Coriolan, dont le petit coeur fragile a bien du mal à s'en remettre. Excusez le style lourdingue, c'est du vieux-vieux, pas retouché car irrattrapable :
Maître Toru était mort.Alors que je me tournais dans tous les sens dans l’espoir vain de retrouver le sommeil, cette obsession ne me quittait pas. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à tout ce qu’il n’avait pas eu le temps de faire, à tout ce que je n’avais pas eu le temps de lui dire, au vide qu’il laissait dans le groupe. Je n’avais plus personne sur qui calquer mes gestes. Privé de ce guide discret, je me sentais comme un enfant perdu.
J'écrivais l'histoire sans plan préalable et j'étais à peu près aussi désemparée que mon héros.
Aujourd'hui, puisque je planifie, la règle est simple : si un personnage un tant soit peu important doit mourir, c'est décidé à l'avance. Je peaufine son profil, puis j'écris ses passages, en sachant qu'il est destiné au casse-pipe. Ainsi, lorsque vient le moment de la mise à mort, je ne me défile pas puisque toute sa construction l'appelle à cette scène.
Ensuite, je vais pleurer aux toilettes, parce que quand même, quoi.
La mort la plus "intéressante", je crois, est celle d'un assassin dont un ennemi a interverti les poisons. La personne manipule donc à mains nues une substance très violente qui pénètre par la peau, et le temps de s'en rendre compte, il est déjà trop tard. Couic l'assassin.
La plus improbable ? Un type qui finit pendu à une corde à sauter.
La plus émouvante ? Un sacrifice de format classique "je m'interpose entre l'arme et la personne que je veux protéger". Je suis assez contente de la façon dont je l'ai tourné.
Tu comptes consacrer le temps libéré en novembre pour te mettre à jour dans tes corrections de romans ?
RépondreSupprimerEuh, non. Novembre reste full-NaNo.
SupprimerEn revanche, ce sera mon seul roman de l'année (et en 2012, ce sera... la suite des Gigahertz, si tout va bien).
Pour l'instant, j'en ai deux sur le gril et je galère à les avancer. J'arrête les frais : un nouveau roman par an plus tout le reste, ça ira bien.