Quand j'ouvre un livre de Timothée Rey, je m'attends à voyager vite, fort et loin.
Quand je ferme ledit livre, ça ne rate jamais, j'ai été emportée au-delà de mes attentes.
Et donc là, bis repetita, rebelote et compagnie, avec Dans la forêt des astres paru chez les Moutons Électriques.
Des nouvelles du Tibbar, du même auteur et chez le même éditeur, nous emmenait dans un monde de fantasy très décalé, avec des textes tous situés dans la même portion de continent mais à des époques différentes.
Dans la forêt des astres prend le parti d'attaquer la science-fiction avec la même plume, en moins loufoque mais à peine. Sauf qu'en fait, c'est différent.
En effet, le recueil se compose de quatre parties :
- Murs mitoyens, des mondes proches du nôtre.
- Horizons décousus, des univers très variés et difficiles à classer.
- Transis en transit, des voyages interplanétaires à la sauce Rey.
- Espaces habitables, la partie la plus longue, où il est plus souvent question de survie que de confort.
Petite particularité, mon exemplaire a été dédicacé... par Jeam Tag qui passait par là. Timo voulait me dessiner un escargot SF, il lui a demandé des conseils, et voilà le Jeam en pleine action sur la page de garde. Ça se passe comme ça au hasard des salons.
À la fin du livre, on a voyagé des secrets honteux de l'Académie Française à une magnifique uchronie où César s'est pris une branlée à Alésia, puis à l'extinction de l'humanité exilée loin de la Terre, à des machines qui nous rejouent l'Or du Rhin, à une version spatiale d'En attendant Godot... Bref, il y a de tout. On sourit beaucoup Dans la forêt des astres, grâce à l'humour présent un peu partout sous forme de petites touches et de crypto-blagues. Mais on se fait surprendre aussi, on réfléchit, on s'attriste, et il m'est arrivé plus d'une fois de terminer une nouvelle avec la larme à l’œil.
Je connaissais déjà certains des textes réunis dans ce recueil, pour les avoir lus chez Parchemins & Traverses ou chez Éclats de Rêves. Je les ai retrouvés avec plaisir. Les autres, quant à eux, ont constitué autant de joyaux découverts un par un, en prenant mon temps.
(traduction : je ne lis pas vite, il faut bien que je me trouve des excuses)
Du côté de l'écriture, je me régale à chaque fois : c'est fleuri juste ce qu'il faut, poétique, inventif, ciselé comme un bel objet qui brille. Certaines phrases sont très longues et pourtant parfaitement claires. La langue française à son meilleur.
Un extrait pour le plaisir. Hop, j'ouvre à une page au hasard et je recopie :
Puis elle reporte son attention sur les perles qui attendent dans les réticules fixés à intervalles réguliers à l'intérieur du filet. Leur taille variant de la mandarine à la grosse orange, elles se sont formées là où les larmes ont rencontré des germes : des structures à la beauté stupéfiante, assemblages d'arceaux, de cercles brisés, de volutes, de spires et d'ovales bosselés, qui s'interpénètrent comme de complexes cristaux arrondis à la translucidité aqueuse, le tout frémissant continûment d'une vibration mystérieuse dont on peine encore à élucider le mécanisme. L'ôtant avec douceur de son réticule, Marwa en récolte une. Souffle coupé comme au premier jour, elle laisse son regard se perdre, le temps de quelques secondes, dans les profondeurs palpitantes.
Bref, ces vingt-et-une nouvelles confirment la place de Timothée Rey tout en haut de mon panthéon personnel. Je sais quel nom donner si on me demande qui est mon auteur favori.
Mes deux textes préférés ? La vieille qui, là-haut, porte son fagot noir et Odeur des pluies de mon enfance. Deux histoires de femmes, empreintes de nostalgie, qui parlent du goût des choses perdues et du refus de cesser d'espérer.
Mais c'est bien pour le sport, parce que j'ai profondément aimé toutes les nouvelles du livre.
Mes deux textes préférés ? La vieille qui, là-haut, porte son fagot noir et Odeur des pluies de mon enfance. Deux histoires de femmes, empreintes de nostalgie, qui parlent du goût des choses perdues et du refus de cesser d'espérer.
Mais c'est bien pour le sport, parce que j'ai profondément aimé toutes les nouvelles du livre.
Dans la forêt des astres
Un recueil de nouvelles de Timothée Rey
Les Moutons Électriques, collection Bibliothèque Voltaïque
26 euros
ça a l'air vachement bien dis donc. Je le note !
RépondreSupprimerC'est très bien. Vraiment.
SupprimerMais très atypique quand même, donc je ne garantis pas que 100% des lecteurs adorent autant que moi.