La malédiction de la touche-à-tout

Je n'ai jamais aimé les cloisons, les étiquettes, les tiroirs bien rangés. Il suffit d'ouvrir mon dressing, ou la commode de ma fille, pour s'en rendre compte. Les culottes chevauchent les chaussettes, avec un collant pas encore déballé par-dessus, et je n'ose imaginer à quelles orgies se livrent tous ces sous-vêtements quand je ferme le tiroir.
Dans la vie, c'est pareil. J'aime les rencontres et les mélanges.
J'aime faire les choses bien (je peux me montrer très perfectionniste), mais pas forcément dans l'ordre le plus logique pour un esprit rationnel.

Prenons cette note, par exemple.
Chez moi, sa rédaction prend la forme suivante :
Écrire le premier paragraphe, sortir dans le jardin cueillir de la verdure pour le lapin, me couper magistralement avec un brin d'herbe, rappeler aux enfants qu'il est l'heure de se laver, désinfecter la coupure, poser un pansement, puis revenir écrire la suite.

Bref, faire un seul truc sur le long terme, très peu pour moi.
C'est la raison pour laquelle, même après avoir choisi l'écriture comme mode d'expression principal, je continue à dessiner et à explorer d'autres formes de création. Depuis la semaine dernière, j'ai même commencé à tambouiller mes propres produits de beauté dans ma cuisine.

Miam ? Euh non, c'est de l'après-shampooing.

C'est aussi pour cette raison que je situe mes textes dans des univers variés, sans m'arrêter aux frontières d'un genre. Mondes imaginaires, uchronies, lointains futurs, voire fiction réaliste (si, si, ça m'arrive aussi)... Les personnages me viennent, les histoires se développent, et chacune trouvera un cadre qui lui convient. Tant pis si c'en est un que je n'ai pas exploré !

Tout ceci aboutit à une malédiction en deux parties :
  • Je me disperse. Au choix, "Elle fait tout, elle n'est bonne à rien" ou "Bonne partout, excellente nulle part". De l'énergie que je pourrais consacrer à avancer dans mon écriture, ou à l'améliorer, part dans d'autres domaines. Bon, ben tant pis. Cet éclectisme fait partie de moi, et j'ai la naïveté de croire qu'il contribue à mon charme, même s'il me barre la route de l'excellence.
  • Je suis obligée de faire le grand écart entre plusieurs éditeurs. Mon premier roman a été publié chez Ad Astra ? Chouette ! Mais sur le moment, je n'avais aucun autre opus de SF à leur proposer... J'ai donc continué mon chemin avec ma fantasy (classique ou contemporaine) sous le bras. Rebelote avec le Chat Noir qui ne publie pas de fantasy classique. À chaque nouveau manuscrit ou presque, je dois reprendre mon bâton de pèlerin. Et c'est chiant.
Au moins cela m'évite-t-il les affres du conflit de loyautés qu'évoquait tout dernièrement la charmante Cécile Duquenne...

Commentaires

  1. Je me suis souvent dit des choses comparables.... On m'envie parfois de toucher à tout, de dessiner, de chanter, de modeler, de grapher, etc. mais j'ai souvent l'impression comme toi de m'y perdre. J'aimerais parfois rétrécir mes horizons pour pouvoir donner plus de ma personne dans un domaine de prédilection.

    Parce que pour l'instant, je tourne autour de "pourquoi privilégier l'écriture sur le dessin ? pourquoi pas l'inverse ?" et je finis par me dire que peut-être je n'ai pas trouvé ce pour quoi je suis faite. Car dans ce cas, ces questions ne se poseraient pas, ça coulerait de source ?

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