Être là #BlackLivesMatter

Disclaimer:
Ce billet n'est pas un manuel, il ne vise à donner de solution à personne et encore moins de leçon. Il n'est que le produit de ma réflexion personnelle dans un contexte politique où la mort horrible de George Floyd a remis sur le devant de la scène des violences racistes qui existaient bien avant lui et qui, hélas, se poursuivent.


Aider les luttes antiracistes quand on est blanc, c'est tout un équilibre.

Femme noire parlant à une femme blanche (de dos) autour d'une table dans un café
Photo de Christina Morillo provenant de Pexels

Il faut savoir écouter, admettre que notre ressenti est incomplet.
C'est encore plus compliqué quand on écrit de la fiction et qu'on a donc l'habitude de se mettre à la place de nos personnages : on se croit capable de "savoir ce que ça fait" par la simple force de notre gymnastique mentale habituelle. Sauf que non. Il y a forcément des éléments de l'expérience d'une personne racisée que l'on ne soupçonne pas. Un peu comme avec #MeToo où tant d'hommes sont tombés des nues en apprenant ce qu'en tant que femmes, nous avions à peu près toutes vécu.

Il faut savoir donner de la visibilité sans confisquer la parole.
Twitter est génial pour ça : on peut retweeter plein d'interventions des personnes concernées, ça les diffuse autour de nous tout en laissant leur origine bien visible.
Mais Twitter ne suffit pas, et certaines initiatives peuvent s'avérer contre-productives alors qu'elles ont été lancées avec les meilleures intentions du monde.

Prenons le #BlackoutTuesday qui a lieu aujourd'hui même.
But : mettre en veilleuse les discussions qui n'ont pas de lien avec les violences racistes, mettre la lutte antiraciste sur le devant de la scène.
Moyen : poster une image noire unie disant qu'on laisse la place.
Résultat :

Si vous cliquez sur l'image, vous irez directement au tweet concerné et vous pourrez faire défiler la vidéo.
Celle-ci montre que sur Instagram, le hashtag #BlackLivesMatter est complètement bouffé par les images noires du blackout. Au lieu d'amplifier les voix des victimes du racisme, l'initiative les a noyées.

Il faut savoir parler, aussi.
C'est le plus compliqué pour moi car je suis naturellement réservée, et qu'en plus, mon éducation a beaucoup insisté sur la nécessité de "ne pas se donner en spectacle". Donc au moment de monter sur une caisse pour haranguer la foule, de base, je ne suis pas à l'aise. Alors si en plus c'est pour parler des problèmes des autres, le complexe de l'imposteur va me mordre un bon coup et me dire que ce n'est pas ma place, que je me fais mousser sur le dos des personnes concernées...

Et puis un jour, quelqu'un vient nous secouer :
"Hé, on ne vous entend pas, là !"
C'est vrai. On ne nous entend pas, nous les alliés blancs. Ou pas assez.

Chaise verte, vide, sur un fond gris clair.
Photo de Paula Schmidt provenant de Pexels

Mon dernier roman a une héroïne noire et asexuelle parce que le monde n'est pas uniformément blanc et hétéro, mais l'intrigue n'est centrée ni sur des problématiques racistes ni sur des problématiques queer parce que ces thèmes seront infiniment mieux traités dans des textes #OwnVoices. D'ailleurs, lisez des romans écrits par des personnes queer, par des personnes racisées. Cela ne peut qu'agrandir nos univers intérieurs.
J'ai fait un don à des victimes de violences racistes aux USA et un autre à la lutte antiraciste en France, mais je n'ai pas couru partout pour m'en vanter. Comme disait je ne sais plus qui : "Se prendre en selfie dans une manif pour montrer qu'on est beau, ce n'est pas du militantisme, c'est du tourisme."
Et maintenant, je repartage, comme en haut de ce billet, des ressources à destination de toutes les personnes blanches qui voudraient aider.


Je suis petite et réservée, mais je promets de faire des efforts pour mieux utiliser mon privilège blanc, dans l'espoir qu'un jour, celui-ci n'existe plus.

Je suis là.
Black Lives Matter.

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