Deuxième opus du diptyque Au-delà de l'Oraison, ce livre reprend les aventures des sœurs Noony et Aileen Manérian là où les avait laissées La Langue du Silence.
D'un côté, une guerre qui commence, de l'autre, une guérilla qui se précise. À mi-chemin de ce second volume, les deux sœurs vont enfin se retrouver, chacune avec son petit copain (le fiancé de l'une étant l'ex de l'autre). Sans le savoir, elles tiennent entre leurs mains le destin des trois pays où se déroule la série. Puisque ceux qui ont comploté dans le premier tome sont en train de tirer sur les fils, il va falloir faire vite pour empêcher toute la zone de sombrer dans le bain de sang.
Bon.
J'ai mis deux mois à lire ce roman, ce qui dit déjà beaucoup.
Si je suis allée au bout, c'est qu'il se laissait lire, mais si je l'ai eu si longtemps sous les yeux, entamé, sans avoir envie de le rouvrir pour connaître la suite, c'est que je ne le trouvais pas palpitant. Fatalement.
On est toujours dans un monde sympa, dans une histoire foisonnante d'idées dont la plupart sont bonnes, mais ça ne marche pas aussi bien que ça ne devrait. En gros, c'est inégal, à peu près comme le premier volume.
Commençons par les bons côtés : une écriture agréable, un périple à travers des décors hauts en couleurs, quelques méchants moins méchants que prévu, une relation intéressante entre les deux sœurs qui ne faisaient que se croiser dans La Langue du Silence...
... et, ceci fait, charclons dans la joie (ou pas – en fait, ça m'embête profondément de faire des critiques négatives).
Le fond :
On a des personnages qui agissent de façon illogique (un gars qui viole une fille sans raison valable, par exemple) ou qui réagissent de façon irréaliste (la fille en question et son traumatisme à géométrie variable, très vite surmonté). Voire qui meurent bêtement, simplement parce qu'ils ne servent plus à faire avancer le scénario ou qu'ils seraient trop compliqués à gérer s'ils restaient en vie.
J'avoue qu'à certains moments, je n'ai pas du tout pu y croire. Le pompon de la couleuvre est sans doute atteint avec Noony et Alexian, dont on nous dit et répète qu'ils sont en osmose complète, âmes-sœurs, faits l'un pour l'autre et tout le tralala, alors que dans les faits, c'est un couple extrêmement banal : deux jeunes plutôt bien faits de leurs personnes (donc susceptibles de se plaire, du simple point de vue des hormones), qui se rapprochent tout à fait logiquement parce qu'ils traversent ensemble un certain nombre d'épreuves, mais qui à part ça, sont assez nettement différents, rarement d'accord, et n'hésitent pas à se le dire. Osmose parfaite et rarissime... mais bien sûr !
On a un peuple indissociable de sa religion depuis des siècles, qui à l'exception d'une poignée d'extrémistes, l'abandonne facilement en quelques semaines au profit de... rien, ou d'un vague animisme/paganisme New Age même pas vraiment expliqué.
Et tout à la fin, à la dernière page, une incohérence de compétition : un gamin qui a hérité de la couleur de cheveux de son géniteur, alors qu'il est expliqué plus tôt que celle-ci est un trait acquis lié à un régime alimentaire particulier (que ne partage pas l'enfant).
La forme :
On a une écriture qui, comme dans le premier tome, devient péniblement hachée dès qu'il y a une scène d'action, alors qu'elle coule remarquablement bien dans tout ce qui est plus "mondain". D'un coup, les paragraphes se transforment alors en succession de phrases de type sujet-verbe-complément, petit pont en option. Seul problème : il y a plus d'action dans ce roman-ci que dans le précédent...
Parfois, on tombe aussi sur une phrase dont le début a été modifié mais pas la fin (ou inversement), aboutissant à un truc grammaticalement incorrect, dont on espère comprendre ce qu'il veut dire sans en être sûr.
Mon côté "anal-rétentive psychorigide des vers" a également pas mal souffert à la lecture des très médiocres poèmes de Shala Volplume. J'ai commencé par songer que la pauvrette se voulait poétesse pour perpétuer la tradition familiale, sans avoir le moindre sens du rythme ou de la musique des phrases, pourtant essentiels en poésie. Et puis, vers les deux tiers du bouquin, est cité un extrait d'une pièce de théâtre apparemment très connue et appréciée... dont les vers sont du même tonneau.
À ce stade, le fait que l'accumulation d'indices gros comme des montagnes fasse comprendre la véritable nature de la cérémonie de l'Ioden une dizaine de chapitres avant celle-ci, ou que le "coup de théâtre" du dernier chapitre (je suis obligée de mettre des guillemets car pour le coup, ce n'en est vraiment pas un) se devine lui aussi à l'avance, devient secondaire.
Laissons à l'auteur le bénéfice du doute. C'était peut-être fait exprès, pour que le lecteur se sente intelligent.
Que l'on ne se méprenne pas : je n'estime pas que La Chute des Étoiles est un mauvais roman en soi. Il y a dedans plein de choses qui sont loin d'être à jeter.
Ce que je regrette, c'est que les défauts que je pointe ici auraient à peu près tous pu – et dû – être repérés et arrangés lors d'une phase de correction. En l'état, le livre a un goût d'inachevé, comme si c'était un premier jet qui était parti à l'impression.
Le mot qui résume le mieux mon impression, c'est : dommage. Dommage de voir qu'avec un bon potentiel, on a au final un bouquin tout juste moyen.
La chute des Étoiles (Au-delà de l'Oraison tome 2)
Un roman de Samantha Bailly
Éditions des Mille Saisons
23 euros.
Et voici WonderOph, la justicière qui démasque les imposteurs et fait tomber les immunités... Dis, on s'épouse quand, ma femme, toi et moi?
RépondreSupprimerQuand mon mari aura donné son accord ?
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